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vendredi, novembre 15, 2024
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MARTIN PAUL MINDJOS : « Pour la CAPEF l’import substitution est une opportunité.»

Au terme de sa visite de sept jours dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua, le Président de la Chambre d’Agriculture, des Pêches, de l’Elevage et des Forêts (CAPEF), Martin Paul MINDJOS MOMENY revient dans cet entretien exclusif sur les problèmes soulevés par les membres de la CAPEF de cette partie du pays et aussi sur des actions menées pour un développement du secteur agricole au Cameroun.

La Rédaction : Monsieur Martin Paul MINDJOS MOMENY, Président de la Chambre d’Agriculture, des Pêches, de l’Elevage et des Forêts (CAPEF), vous arrivez au terme de votre visite de travail dans les Régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua, visite au cours de laquelle on vous a vu échanger avec les différents membres ressortissants de la CAPEF que leur avez-vous dit ?

 

Martin Paul MINDJOS MOMENY : Disons que effectivement nous avons rencontré nos membres et on a échangé longuement ils ont soulevé un certain nombre de problèmes liés au financement de leurs activités. Des problèmes liés à la transformation et à la conservation de leurs produits, des problèmes liés à l’accès au marché et aussi des problèmes liés à la valorisation de leurs statuts. Il y’en a qui pensent que ils font l’agriculture mais ils ne gagnent pas assez pour améliorer leurs conditions de vie. Mais l’un des problèmes soulevé avec acuité portait sur l’accès à la terre ; et là c’est les jeunes qui l’ont posé notamment les femmes ; ils ont évoqué le fait qu’ils reçoivent des accompagnements du gouvernement et de toutes ces institutions et ils reçoivent égalent des crédits de financement avec lesquels ils réalisent leurs activités. Mais ces activités ne sont pas sécurisées sur des terres sur lesquelles ils les réalisent dans la mesure où ces terres-là ne sont pas leurs propriétés. A cet effet, ces cadres n’ayant des terres ils travaillent dans l’insécurité totale ; et  la question qui est revenue était liée à l’âge de l’obtention du titre foncier et là il nous a été rapporté que pour avoir accès à un titre foncier il faut avoir 45 ans. C’est un âge qui ne permettait pas aux jeunes d’avoir accès à un titre foncier et de réaliser de manière sécurisée leurs activités ; donc concrètement sur place nous n’avions pas de réponse. La chambre représente les intérêts de ses ressortissants. Nous allons faire un rapport et nous allons mener un plaidoyer auprès du gouvernement. Je voudrais saluer ici la très grande écoute du ministre des domaines, du cadastre et des affaires foncières qui répond constamment aux préoccupations de la chambre et de ses ressortissants depuis ma nomination. Nous savons compter sur cela pour que ces problèmes connaissent un début de solution. Voilà ce que je peux dire.

La Rédaction : Alors aujourd’hui on parle d’une politique agricole tournée vers l’agriculture de deuxième génération. Mais on constate sur le terrain que l’agriculture camerounaise se fait encore à la main, que fait la CAPEF pour tourner définitivement la page de cette agriculture rudimentaire ?

Martin Paul MINDJOS MOMENY : Effectivement c’est un problème épineux qui s’observe dans l’ensemble du pays, donc le niveau des ressources matériels (les équipements des travaux agricoles) n’est pas significatif jusqu’à ce jour. Comme vous le savez, le gouvernement a fait des efforts en créant dans la région du Sud une usine de fabrication des tracteurs. Ce problème est réel nous continuons à faire l’agriculture avec la machette, des outils rudimentaires et nous ne pouvons pas dans ces conditions-là espérer atteindre très rapidement une agriculture de seconde génération. Alors les membres ressortissant ici et ailleurs ont posé ce problème et nous nous sommes rapprochés des structures qui ont la responsabilité.

CENEMA (Centre Nationale d’Equipement et du Machinisme Agricole) qui actuellement travaille pour rendre disponible ces équipements-là. Donc notre rôle c’est d’amener nos ressortissants vers ces structures là pour qu’ils puissent avoir le matériel qu’il faut mais au-delà de ce rôle, nous comptons travailler aussi parce qu’évidement c’est un début ça ne peut pas être assez ce que va faire le CENEMA donc nous travaillons et nous réfléchissons. Les membres à la dernière assemblée générale m’ont dit de regarder et de bien écrire le model qui est usuel actuellement un peu partout en Europe et en Afrique de l’Ouest et du Nord,  les CUMA, les Coopératives d’Utilisation du Matériel Agricole. Donc nous avons commis un expert pour nous écrire un modèle et d’ici la fin du mois prochain nous aurons le modèle et nous allons discuter avec nos partenaires pour mettre dans le cadre de notre projet des centres de service agricole pour les mettre dans les communes qui auront besoin de ces matériels car nous n’allons pas mettre ça partout. Ça va être un peu difficile dans les zones de foret. Toutefois, nous allons mettre dans ces communes là une coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole et qui sera donc en service au profit de nos ressortissants ; et là ils pourront avoir des tracteurs, diverses machines agricoles de labour entre autre…

La Rédaction : Monsieur le Président autre problème soulevé par les ressortissants est celui de la disponibilité des intrants. Que fait la CAPEF pour satisfaire ce besoin ô combien primordial pour le secteur agricole ?

Martin Paul MINDJOS MOMENY : Parlant des intrants il faut distinguer trois catégories : le premier c’est la semence, le deuxième c’est les engrais et le troisième c’est les pesticides. S’agissant des engrais et des pesticides vous savez que avec le COVID et aujourd’hui la guerre en Ukraine la production de ces matières-là rencontre un sérieux problème notamment au niveau du transport ce qui a permis comme vous le savez de renchérir les prix. On est parti du simple au triple pour ne pas dire au quatriple et ça pose un problème réel car çà a une incidence sur la production. Donc ce que nous avons fait c’est que nous avons adressé notre plaidoyer au gouvernement et nous avons bon espoir que le travail qui est fait au niveau de nos tutelles va nous permettre de rendre très rapidement disponibles des engrais auprès de nos membres ressortissants. Donc ce plaidoyer nous l’avons fait. Maintenant dans le long terme, pour ne plus connaitre ce genre de problème, nous avons sollicité de nos ports des espaces pour construire des entrepôts où on va conditionner ces matières en travaillants avec des opérateurs parce que notre rôle n’est pas de créer des structures dédiées à la fabrication de ces matières là mais des entrepôts où on va utiliser des prestataires pour constituer à la limite des stocks sur le moyen terme donc de telle manière que lorsqu’il y’aura pénurie que les prix ne connaissent plus ce que l’on voit aujourd’hui ceci aussi bien pour les pesticides que pour les engrais.

S’agissant des semences nous sommes en train de travailler avec la tutelle qui est le ministère de l’agriculture et du développement rural sur son réseau de champ semencier pour voir qu’est-ce que nous on met en fonction des demandes de nos membres ressortissants afin de revaloriser ces fermes-là là où elles n’étaient plus fonctionnelles. Donc on va adresser très bientôt notre rapport sur un travail d’inventaires que nous avons lancé.

La Rédaction : Quel est le rôle de la CAPEF dans ce processus d’import substitution lancé par le gouvernement ?

Martin Paul MINDJOS MOMENY : Pour la CAPEF l’import substitution est une opportunité. Notre rôle n’est pas nécessairement de venir résoudre des problèmes mais en saisissant cette opportunité, pour l’intérêt de nos ressortissants, on peut résoudre un problème qui est national à savoir l’import substitution. Nous notre regard dans cette question c’est de dire voilà, le gouvernement est engagé dans un processus d’import substitution, travaillons pour bénéficier des opportunités qu’il nous offre dans ce cadre-là. Donc sur le plan des textes, le plan réglementaire, nous compter travailler avec le gouvernement pour que ça soit une réalité. Et  qu’il y ait des textes qui sont pris lorsque le niveau de production de nos membres ressortissants est tel que il peut influencer des importations, il faudra bien qu’on prenne des textes pour limiter de telle manière que ce qui sera importer soit ce qu’on n’a pas pu produire localement ou qu’il soit le complément de ce qu’on n’aura pas pu produire. Donc nous sommes en train d’organiser dans ce cadre-là, nos ressortissants en filières et notamment en chaine de valeur. Nous avons finalisé l’écriture des projets pour développer un réseau de producteurs de manioc qui a un Echoc favorable auprès des services du premier ministre, nous avons finalisé celui du maïs, nous avons finalisé celui du riz, et nous sommes en train de finaliser ( avec des approches qui ne sont plus celles d’hier) pour le blé. Aujourd’hui nous savons des zones où on peut relancer avec la production du blé ; dans l’Extrême-Nord, dans l’Adamaoua et dans l’Ouest. Des études ont été faites par l’IRAD et par l’Université de Dschang, nous échangeons avec des experts dans ce cadre-là ; et nous allons animer les petits producteurs pour que chacun apporte. Pour le riz ce que nous avons vu dans le Nord et l’Extrême-Nord et dans une partie de l’Adamaoua c’est des problèmes des équipements de transformation. Nous avons d’ailleurs visité une coopérative et nous comptons essaimer un réseau de machines autour des coopératives qui y travaillent. Nous pensons que si nous mettons ces petites unités elles vont tirer la production vers le haut ; il restera donc le problème de la logistique et de l’accès aux marchés pour lequel nous allons continuer à travailler.

La Rédaction : Monsieur le Président nous apprenons au cours de cette visite que la chambre d’agriculture, des pêches, de l’élevage et des forêts est une lancée de création des écoles pratiques dans toutes les Régions du pays, alors pourquoi ?

 Martin Paul MINDJOS MOMENY : Il y’a une question qui n’est pas assez soulevée er relativement à l’émergence du pays. Elle ne va sortir cette émergence-là  du néant ; donc si nous voulons émerger à l’horizon fixé par le Président de la République, il faut qu’on prépare des gens qui vont porter ce projet. L’émergence dans le secteur agricole va se faire par les jeunes, nous allons former aujourd’hui et cela relève de la politique publique et nous avons compris cela. Nous allons former les jeunes et les outiller pour qu’ils s’installent dans le cadre de ces filières que nous venons d’évoquer et pour qu’ils produisent, c’est la somme de leurs productions qui va donner au pays son autonomie dans ces différentes filières là. Et par conséquent la formation devient pour nous une préoccupation majeure. C’est pour cela que nous avons étendu le réseau de nos écoles et on les a envoyées  dans l’ensemble des régions du pays pour qu’on produise une masse critique capable de porter l’émergence dans le secteur qui est le nôtre. C’est ça l’idée des écoles. Nous y travaillons, nous avons des partenaires et nous pensons que d’ici quelques années nous aurons le jeune bien formés et déterminés à rester en zone rurale pour produire. Les écoles sont ouvertes et les formations ont déjà débuté donc les jeunes peuvent aller se renseigner auprès de nos délégations régionales et on va les orienter vers ces écoles.

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