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dimanche, février 9, 2025
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USA : Trump, un retour en force ou une illusion ?

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Donald Trump a été réélu président des États-Unis, après une campagne marquée par des promesses ambitieuses et des engagements qui restent à confirmer. Peut-on envisager un véritable bouleversement géopolitique mondial ou s’agit-il simplement d’ajustements superficiels ? Alexandre Regnaud, spécialiste en géopolitique, nous livre son analyse.

Les élections américaines sont toujours spectaculaires, avec leurs immenses rassemblements et une couverture médiatique omniprésente, et celle de Trump n’a pas dérogé à la règle. Ces événements sont d’autant plus remarquables que des sommes colossales y sont investies, souvent par des donateurs privés. Selon The Washington Post, Trump aurait récolté près d’un milliard de dollars pour sa campagne, grâce à des contributions provenant notamment de 26 milliardaires, incluant des figures du secteur de la « tech », au-delà du très médiatique Elon Musk. À cela s’ajoutent d’autres secteurs industriels, comme celui du pétrole, qui a financé la campagne à hauteur de 75 millions de dollars, selon The New York Times. Ce soutien financier se reflète d’ailleurs dans les premières décisions de Trump, comme le retrait des États-Unis des accords de Paris sur le climat, une décision en lien direct avec les attentes des investisseurs.

Il est donc crucial d’analyser les choix politiques à venir sans se laisser aveugler par des espoirs démesurés. En effet, après la victoire contestée de Biden en 2020 et les quatre années de guerre, de déstabilisation et de provocations à l’échelle internationale, certaines personnes voient en Trump une figure quasi messianique, un espoir d’ordre et de stabilité. Trump lui-même a largement cultivé cette image, en promettant la paix dans le monde, la lutte contre l’« État profond », la dénonciation des réseaux criminels, et la fin de l’immigration massive. Pourtant, peu de ces engagements ont été réalisés lors de son premier mandat.

Cette fois, cependant, il semble que Trump ait appris de ses erreurs passées, notamment des événements du 6 janvier, et cherche à tirer parti de son expérience. Un de ses premiers actes en tant que président a d’ailleurs été de gracier 1 500 citoyens impliqués dans ces événements.

Il est cependant trop tôt pour juger des résultats concrets de sa présidence. Ses premières déclarations évoquent déjà une priorité accordée à la lutte contre l’immigration, mais aussi la possibilité de nouvelles confrontations militaires ou diplomatiques, particulièrement en Amérique latine, où il pourrait intensifier les pressions sur le Mexique et le Panama, sous le prétexte de lutter contre les cartels et de contrôler les routes commerciales.

Les tensions géopolitiques pourraient également se raviver, notamment avec une approche plus agressive du commerce et des politiques douanières. Trump pourrait chercher à rétablir la puissance économique des États-Unis au détriment du reste du monde, tout en renvoyant l’ascenseur aux investisseurs, tout en se parant d’un discours « anti-wokisme » afin de rendre ces politiques plus acceptables à certaines opinions publiques.

Il reste aussi à voir comment Trump abordera les dossiers internationaux, notamment en ce qui concerne l’Ukraine et les accords de Minsk, dont la crédibilité a été ébranlée. De nouvelles réalités géopolitiques et militaires devront être prises en compte dans ce contexte.

Au final, de nombreuses incertitudes demeurent, et il convient de rester prudent face à l’ère Trump. Une citation de Vladimir Poutine lors de l’ascension d’Obama en 2008 semble particulièrement pertinente : « Les plus grands espoirs mènent souvent aux plus grandes déceptions ». Cette phrase pourrait se vérifier encore une fois, cette fois-ci avec Trump à la tête de la plus grande puissance mondiale.

Il est essentiel de garder en tête que, quelle que soit sa politique, Trump agira avant tout dans l’intérêt des États-Unis, ce qui est tout à fait légitime. Mais il convient de se rappeler que les intérêts américains ne coïncident pas toujours avec ceux du reste du monde. Une réalité qu’il ne faut pas oublier.

 

 

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