C’est dans une ambiance à la fois solennelle et introspective que s’est tenue le 31 juillet 2025 à la Fondation Muna, une causerie éducative organisée par Marguerita Holistic Health center (M2HC), de madame Enoh Marguerite , dans le cadre de la 63e Journée de la Femme Africaine. Placée sous le thème général : « Faire progresser la justice sociale et économique pour les femmes africaines à travers les réparations », cette rencontre a réuni plusieurs intervenants et experts engagés pour le mieux-être des femmes victimes de violences et d’exclusions.
La présidente de M2HC, madame Enoh Marguerite, dans son allocution, a posé le décor en rappelant le rôle central de la femme dans sa propre reconstruction :
« La justice sociale commence à l’intérieur. La femme est la clef de sa propre réparation. Elle doit d’abord prendre conscience de ses blessures, de sa capacité à guérir et à demander de l’aide. C’est cette résilience active qui permet une véritable transformation. »
La survivante : entre douleur intime et résilience collective
La réflexion a tourné autour de la notion de femme survivante. Pour M2HC, la survivance dépasse la simple posture victimaire. Elle représente une force de reconstruction, une volonté de transcender la douleur pour construire une nouvelle réalité.
« Une femme réparée, c’est une famille et une communauté qui se reconstruisent. C’est pourquoi il faut créer un environnement propice à la guérison intérieure, sans quoi les avancées sociales et économiques risquent de n’être que des façades », a insisté la présidente du mouvement.
La parole aux expertes : guérir dès le ventre
Le moment fort de la causerie a été l’intervention de Dr Ngono, psychologue et enseignante à l’Université de Yaoundé I, qui a proposé une plongée bouleversante dans la genèse des blessures de la femme africaine :
« Le premier combat de la femme commence in utero. Dès le ventre, certaines grossesses sont menacées parce que le sexe de l’enfant n’est pas valorisé. Des émotions négatives sont transmises, des fausses couches provoquées. Pourtant, certaines naissent et deviennent des survivantes grâce à la force émotionnelle de leurs mères. »
Dr Ngono a ensuite développé les obstacles majeurs à la réparation : stigmatisation, silence, manque de ressources, poids des traditions. Elle a aussi évoqué les outils nécessaires à la reconstruction : thérapies, soutien communautaire, autonomisation, éducation à la résilience.
« La femme est le levier principal de son relèvement. Elle est à la fois la blessure et le remède, la fragilité et la force », a-t-elle souligné.
L’État à l’écoute : réaction du MINAS
Présent à cette rencontre, Charles Hubert Ntonga, représentant du Ministère des Affaires Sociales (MINAS) a salué l’approche holistique défendue par M2AC. Il a rappelé les textes de loi existants, les mécanismes de protection en place et la nécessité d’un partenariat constant entre l’État, les ONG, les communautés et les femmes elles-mêmes.
« Le gouvernement camerounais reconnaît que la réparation ne peut être que collective. Mais elle commence d’abord par l’individu. Nous devons soutenir ces espaces de parole et de guérison », a-t-il affirmé.
Vers une transformation profonde
Au-delà des discours, cette causerie éducative a permis d’ouvrir une réflexion sincère sur ce qui a été brisé dans la femme africaine, mais surtout sur ce qui peut être réparé. À l’heure des bilans sociaux et économiques, M2AC invite à ne pas oublier que sans guérison intérieure, même les plus grandes avancées peuvent laisser un goût d’inachevé.
« La survivante n’est pas une éternelle victime, c’est une force en marche. Elle ne porte pas la réparation pour elle seule, mais pour le bien de tous. »
Un message fort, qui redonne à la femme africaine la place qui lui revient : celle d’actrice centrale de sa propre histoire, de sa guérison et de la transformation de son continent.
Martin Donald Ngane


