14.5 C
New York
mercredi, octobre 16, 2024
spot_img

Dénonciation de l’APV-FLEGT : L’Union Européenne punit le Cameroun pour son commerce avec l’Asie

La décision de mettre fin, de manière unilatérale, à l’accord de partenariat pour le commerce légal du bois avec le Cameroun est interprétée comme une mesure punitive pour des libertés que prend ce pays à exporter majoritairement ses produits bois et dérivés vers l’Asie.

Officiellement, l’Union Européenne évoque le non-respect des obligations en matière de gouvernance forestière pour justifier sa démarche envers le Cameroun. Elle note l’absence d’un régime d’autorisation FLEGT qui vise à vérifier et à attester au moyen d’une autorisation FLEGT que les bois et produits dérivés exportés vers l’union Européenne ont été produits.

Mais l’esquive qui est faite à certaines avancées étonnent les observateurs qui ne comprennent pas que ce partenaire du Cameroun puisse ignorer les bienfaits du Système Informatique de Gestion de l’Information forestière connu sous le nom de SIGIF2. Malgré les divergences qui ont émaillé sa mise en application et son appropriation par les équipes du Ministère des Forêts et de la Faune du Cameroun, la plus grande opération de dématérialisation des procédures n’a jamais été vue d’un bon œil pour la simple raison d’un défaut d’audit réalisé conjointement.

Une lecture bien attentive de l’exposé des motifs permet de mieux comprendre les humeurs de la partie européenne. L’Asie et plus particulièrement la Chine devient la destination privilégiée du bois Camerounais. Plusieurs études commandées ces dernières années ont tenté de jeter un discrédit sur les transactions commerciales envers la Chine et l’activité des opérateurs chinois au Cameroun. « Le Cameroun a tiré les leçons de certaines critiques mais le système de vérification de la légalité n’est pas discriminatoire. La réglementation s’applique à tous les opérateurs exerçant sur le territoire national » relève un haut responsable du Ministère des Forêts et de la Faune.


A la vérité, « l’Union Européenne doit d’abord balayer devant sa cour » se désole un opérateur économique. Elle n’a pas surmonté les divergences internes sur le pacte vert mais voudrait les imposer en Afrique. Jamais dans l’histoire des relations bilatérales avec le Cameroun un accord n’a fait l’objet d’autant de dissonances que cet AVP-FLEGT. La tonalité de la note de dénonciation en dit long sur les lignes de fractures et la facilité de la critique quand il s’agit de certains partenaires.

« La volonté politique du Cameroun s’est estompée…de nombreuses enquêtes révélant l’état lamentable dans lequel se trouve le secteur forestier ont été réalisées ». Dans un autre décor, le 11 septembre 2024 le Brésil demande à l’Union européenne de reporter l’entrée en vigueur de sa nouvelle réglementation anti-déforestation. Brasilia va plus loin en appelant un réexamen « de toute urgence ». L’Union Européenne trouve simplement cette attitude de « triste, lamentable et étonnant », sans chercher à blesser son partenaire. Contraste !

Selon les experts, l’Union Européenne aurait dû renoncer à l’APV tout simplement en faisant l’économie de formules peu diplomatiques. Même si Jean Marc Chataignier, Ambassadeur Chef de délégation de l’Union européenne à Yaoundé, a tenté, par des acrobaties, de policer les mots utilisés, par ses interventions reprises dans les réseaux sociaux, le mal est fait. Le simple fait de préparer déjà le Cameroun à un partenariat de type nouveau sur les forêts sans solder l’accord en cours ou l’en informer préalablement et officiellement pourrait être interprété comme un autre passage en force en vue. Un de plus.

Par Arlette MINKREO

Related Articles

Stay Connected

0FansJ'aime
3,913SuiveursSuivre
22,100AbonnésS'abonner
- Advertisement -spot_img

Latest Articles

error: Content is protected !!