Présenté par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, comme une solution pour lutter contre l’inflation des produits de consommation au Cameroun, le riz « Big Joe » suscite de vives critiques, remettant en cause la qualité de ce produit. La conférence de presse organisée le 31 janvier 2025 par Cletus Tchinda Feudjio, Directeur Général adjoint et Me Ngo Btadack epse Bahanag, avocate de l’entreprise Avanti, en charge de la commercialisation de ce riz, n’a pas réussi à convaincre les sceptiques.
Le sac de 50 kg de riz vendu à 15 000 FCFA avait d’abord été perçu comme une bouée de sauvetage pour une population durement touchée par l’inflation. L’initiative semblait plaire, et sous l’égide du ministère du Commerce, la campagne de distribution s’est rapidement déployée à travers le pays, y compris dans certaines universités. Les premières journées se sont déroulées dans une atmosphère de grande affluence, avec des files d’attente interminables devant les points de vente, notamment sur le boulevard du 20 mai. Après plusieurs heures d’attente, certains acheteurs ont fini par trouver leur bonheur.
Mais tout a basculé lorsqu’un expert invité dans une émission télévisée a déclaré que ce riz n’était pas consommable par l’homme, le qualifiant même de « riz pour animaux, notamment pour les chevaux ». Ce jugement, et d’autres critiques similaires, ont enflé sur les réseaux sociaux et dans les médias. Certaines rumeurs évoquent un riz destiné à être distribué aux malades du Covid, mais qui n’avait pas été distribué comme prévu et aurait simplement été reconditionné dans des sacs neufs. D’autres dénoncent un riz avarié, indigne de consommation. La situation a été aggravée par une vidéo largement diffusée montrant des sacs de riz dont le contenu est dégradé et apparemment impropre à la consommation. D’ailleurs, le 02 février dernier, dans un communiqué, l’ASICOM (Association Internationale des Consommateurs) s’est élevée contre la qualité du riz BIG JOE, arguant le fait que « Certains consommateurs remettent en question sa qualité et sa sécurité alimentaire. »
Le 31 janvier 2025, l’entreprise Avanti a au préalable tenu une conférence de presse pour répondre aux nombreuses accusations. Mais une fois de plus, cette rencontre n’a pas permis de dissiper les doutes malgré la présentation du certificat de conformité qualité délivré par l’ANOR et la mise au point de l’entreprise. La question de la provenance et de la gestion de l’entreprise est restée sans réponse.
Seuls le Directeur Général adjoint et l’avocate sont apparus publiquement, mais l’identité du véritable propriétaire de l’entreprise n’a pas été révélée malgré les demandes des journalistes, ce qui a renforcé les soupçons sur la crédibilité de l’opération. De plus, après la conférence, le DGA a quitté rapidement les lieux, laissant l’avocate seule face à un flot de questions des journalistes. Cette fuite précipitée a amplifié la méfiance envers l’entreprise et son produit.
Le mystère qui entoure le riz « Big Joe » et la gestion de cette opération continue d’alimenter les polémiques, alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer ce qui ressemble à un scandale alimentaire.