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vendredi, novembre 15, 2024
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Zoonose au Cameroun : La tueuse silencieuse de tous les temps que nous ignorons

La forêt du Congo et le cheptel agro-pastoral en plus des animaux domestiques, en constituent l’immense bassin de cette tueuse que, à tort ou à raison, nourrissons et chérissons au quotidien et, qui finit par nous donner la mort dans une sorte de suite logique quasi parfaite.

 » L’ennemi ne dort jamais » a-t-on coutume de dire. C’est même lorsqu’il paraît latent qu’il faille redoubler d’attention, disait encore ma grand-mère.

Quand on sait en effet que, le Cameroun dans son entièreté est particulièrement vulnérable aux effets des maladies zoonotiques étant donné que, plus de 70 % de sa population est impliquée (et ce, quel que soit son échelle) dans l’agriculture, ce qui contribue à environ 20 % du produit national brut (PNB), le pays en effet bénéficie d’un environnement diversifié, allant de la forêt tropicale aux hautes montagnes et notamment au Sahel aride.

Egalement, estimé à plus de 200 millions de bêtes, le cheptel du Cameroun se compte sur plus de 1500 millions de volailles, 90 millions de petits ruminants, 50 millions de têtes de bétail et 30 millions de porcs.

Certaines parties du Cameroun se situent dans le Bassin du Congo où des épidémies répétées du virus Ebola ont été documentées. Le paysage unique du pays peut donner lieu à diverses menaces de maladies zoonotiques, y compris des maladies persistantes associées aux pertes de cheptel dans le nord pastoral jusqu’aux nouveaux agents pathogènes viraux dans les forêts du Sud.

De par sa définition classique définie par l’organisation mondiale de la santé (OMS), une zoonose est une maladie infectieuse qui est passée de l’animal à l’homme. Les agents pathogènes zoonotiques peuvent être d’origine bactérienne, virale ou encore parasitaire, qui sont à même d’impliquer des agents non conventionnels afin de se propager à l’homme par contact direct, par les aliments, par l’eau ou l’environnement.

L’on va notamment rappeler qu’environs trois quarts de la plupart des maladies humaines infectieuses et des nouvelles infections émergentes proviennent des animaux.

Le mal qui fait corps avec l’homme

A en croire Manaouda Malachie, ministre en charge de la santé publique du Cameroun, dans sa récente communication publique tenue le 26 Octobre 2022 dernier : « 27 cas de fièvre jaune ont été confirmés dans 23 districts de santé disséminés dans 9 régions du pays. Seule la région de l’extrême-nord n’a pas déclaré de cas. Pour la variole du singe, 12 cas dont 2 décès ont été confirmés depuis le début de l’année 2022 affirmant un taux de létalité de 4%. Et pour la rougeole, 2148 cas confirmés dans 50 districts de santé répartis dans les 10 régions du pays ».

Pour l’Agence des Etats-Unis pour le Développent International (USAID) et le « Centre of Diseases Control » (CDC) : « 5 maladies sont prioritaires, sur une liste de 41 zoonoses répertoriées lesquelles doivent faire l’objet d’une surveillance quasi spécifique compte tenu de leur impact particulier sur la santé publique et l’économie des productions animales. Il va s’agir de la Rage, l’Anthrax, l’Influenza Aviaire hautement pathogène (IAHP), la maladie à Virus Ebola et la Tuberculose bovine ».

D’après également les experts de l’approche « One Health », 60% des maladies infectieuses existantes sont zoonotiques, c’est-à-dire transmissibles de l’animal à l’homme et vice versa. Le cas de la rage à elle seule tue tous les patients infectés qui ont le malheur de commencer à faire la maladie. Les chiffres morbides font état de 100/100.

En prélude à la 6ème journée internationale « One Health » / « Une seule santé » qui se célèbre tous les 3 novembre la GIZ, une organisation Allemande, a organisé le 2 novembre 2021 dernier à Yaoundé une conférence de presse au cours de laquelle les experts du Programme Zoonoses au Cameroun ont tiré la sonnette d’alarme sur les dangers des pathogènes qui se baladent entre l’espèce humaine et animale.

Le mal est profond puisque ces microbes sont vecteurs de plusieurs maladies infectieuses émergentes dont la plus récente est la Covid-19 d’origine animale devenue une pandémie. Par ailleurs, les traitements mal articulés de certaines zoonoses causent des résistances aux antibiotiques chez l’homme et l’animal. La résistance aux antimicrobiens est actuellement le 3ème problème de santé publique auquel fait face les Nations Unies.

De nouvelles mesures à adopter pour sortir de l’impasse

Pour prévenir le mal, les experts recommandent le strict respect des mesures d’hygiène et de biosécurité aux éleveurs et vendeurs de produits animaux. La préservation de la santé humaine, animale et environnementale en dépend.

Les campagnes d’informations visant à promouvoir le lavage des mains après le contact avec des animaux et d’autres ajustements comportementaux contribuent à réduire la propagation communautaire des zoonoses lorsqu’elles surviennent.

Bien que les interactions entre santé humaine et santé animale ne soient pas un nouveau phénomène, les zoonoses auxquelles nous sommes actuellement confrontés ont un impact mondial sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

L’avènement d’une ère marquée par l’apparition de maladies émergentes et ré-émergentes et leurs conséquences potentiellement graves pour la santé publique constituent in fine, des éléments déterminants que nous devons intégrer dans nos perspectives et nos activités. La rapidité de la détection et de la réaction face à une maladie émergente ou ré-émergente est capitale.

En effet, le laps de temps qui s’écoule entre le moment où cette maladie se développe et son dépistage a une importance décisive. C’est pourquoi la détection rapide d’un nouvel épisode épidémiologique de cette nature est de mise et devrait être acceptée par la population devenue septique pour sauver des vies, au regard de cette névrose endémique qui habite son sein et qui endeuille tant de familles.

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