Face à une recrudescence inquiétante des cas de poliomyélite sur l’ensemble du territoire, le gouvernement camerounais, à travers le Programme Élargi de Vaccination (PEV), organise une importante campagne nationale de vaccination gratuite du 24 au 27 avril 2025. Cette opération vise les enfants de 0 à 5 ans dans les dix régions du pays.
Une riposte urgente face à 58 cas recensés depuis janvier
Cette campagne s’inscrit dans le cadre d’un plan de riposte sanitaire après la détection de 58 cas de poliomyélite depuis le début de l’année. Un chiffre alarmant, surtout dans un contexte où aucune action de vaccination de masse n’avait encore été menée cette année. Pour rappel, le pays avait enregistré 900 cas en 2023, contre 500 en 2024.
« Il est impératif d’organiser deux tours de vaccination pour contenir la propagation du virus », a déclaré le coordonnateur régional du PEV pour le Centre, lors d’une réunion préparatoire tenue le 17 avril dernier avec les médias, les influenceurs digitaux et les responsables sanitaires.
Un enjeu d’immunité collective
Les autorités sanitaires tirent la sonnette d’alarme : l’immunité contre le poliovirus de type 2 est en baisse à l’échelle nationale. Les projections indiquent un affaiblissement significatif entre novembre 2024 et mai 2025, exposant le pays à un risque élevé de transmission communautaire.
La cible de cette campagne est estimée à 7 442 572 enfants, incluant les réfugiés et les populations nomades, souvent difficilement atteignables par les structures sanitaires classiques.
Des conséquences graves et irréversibles
La poliomyélite, bien qu’elle ne soit pas toujours mortelle, peut causer des paralysies irréversibles et des séquelles lourdes. Les muscles peuvent perdre toute fonction, et lorsque le système respiratoire est touché, cela peut entraîner une asphyxie. Chez les jeunes enfants, la maladie peut provoquer des déformations osseuses. De plus, certains patients ayant contracté la maladie durant l’enfance peuvent développer, des années plus tard, un syndrome post-polio, caractérisé par une perte progressive de force musculaire. Les causes de ce syndrome restent à ce jour mal comprises.
Un suivi médical après la vaccination
À l’issue de cette première phase, une seconde campagne est prévue du 27 mai au 1er juin dans la région du Centre. En complément, une prise en charge médicale gratuite sera assurée pendant 42 jours pour les enfants vaccinés souffrant de complications ou de tout autre problème de santé, dans les districts sanitaires concernés.
Avec cette double offensive sanitaire, le Cameroun espère renforcer significativement l’immunité collective et enrayer durablement la circulation du virus sur son territoire.
